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La petite histoire de la laine des Pyrénées

FILEUSE

La petite histoire de la laine des Pyrénées

Les ovins domestiqués auraient fait leur apparition dans les Gaules il y a plusieurs milliers d’année, en provenance du Moyen Orient ou leur présence est attestée depuis plus de 9000 avant JC, notamment en Mésopotamie. Tout au long de l'histoire on cherchera à améliorer les qualités productives des moutons par l'introduction d'espèces étrangères, telles que le mérinos. Cette race d’origine ibère, voire berbère, porterait le nom des fonctionnaires espagnols chargés du contrôle de la commercialisation de la laine lors de la Reconquista. Son introduction officielle en France, peu de temps avant la révolution achève une évolution des toisons vers une plus grande finesse de la laine.

Plusieurs races prédominent dans les Pyrénées, notamment les races laitières (Frisonnes, Lacaune, Manèch), les races à viande (Southdown, Charmoise), les races régionales (Tarasconnaise, Campan-Aure) et bien sur les Mérinos, lainières par excellence.

Il existait un rapport assez constant d’un mouton pour trois êtres humains dans les anciennes civilisations rurales, aujourd’hui la population mondiale des moutons s’élève environ à un milliard, faites vos calculs !!!

Selon la race, le mouton donnera de 2 à 8 kg de laine en une ou deux tontes par an. On en fait des vêtements chauds. La laine de mouton conserve la chaleur même si elle est humide. Pour cette raison la peau de mouton est excellente pour les manteaux d'hiver.

L'emploi de la laine comme fibre textile est largement attesté dès l'âge du Bronze dans les pays du Nord depuis plus de 3000 ans en particulier par des pièces complètes découvertes dans les tourbières. Dans les Pyrénées on tissait et on filait déjà il y a plus de vingt siècles. Avec le lin et le chanvre, la laine permet de fabriquer des vêtements solides destinés essentiellement à se protéger des intempéries et du froid. Grâce aux différents croisements de races opérés au fil du temps, la laine à tisser s’est améliorée au niveau de ses qualités basiques qui sont l’élasticité, la chaleur et l’imperméabilité.

La laine utilisée dans les Pyrénées centrales provient des brebis « lachas » et « resas », elle est d’abord lavée dans de l’eau naturelle tiédie et issue de préférence des massifs cristallins, séchée, cardée, filée, mise en écheveau ou en pelotes. Ce sont généralement les femmes qui s’occupent de ces taches bien que le cardage manuel voire le filage concerne également les hommes, soit les Bergers en estive soit les anciens qui ne vont plus guère aux champs. Le rouet est également manié par les femmes mais le métier à tisser familial par les hommes et il est fréquent également de voir des enfants apprendre le travail de tisserand dès leur plus jeune enfance. L’image de la fileuse de laine fait partie de l’inconscient collectif des peuples des Pyrénées qui cherchent à assurer leur survie. La perte de temps n’existe pas et le berger ou la vendeuse de bois ne se déplacent jamais sans leur quenouille ; les vieux, pendant les longues soirées d’hiver, pratiquent le cardage depuis toujours et les plus vigoureux utilisent leurs bras pour tisser inlassablement. La laine noire sera utilisée pour tisser des draps de bure après foulonnage au pied tandis que la laine blanche sera convertie en drap que l’on fera éventuellement teindre. Ces deux types de matières serviront à la confection des vêtements des paysans et des bergers : vestes et pantalons de bure, pèlerines et capes, coiffes et chaussettes. Pour les chemises et le linge de corps, on préférera le lin dont la culture et largement répandue sans les Pyrénées centrales, à tel point que l’on appelait autrefois la Bigorre « le Pays Bleu ».

La filature mécanique prendra peu à peu le dessus sur le filage au rouet, pratiqué à domicile dans les Hautes Pyrénées mais cette activité ne disparaitra totalement dans les villages de montagne qu’à la fin de la Guerre 39/45.

La Laine dans l’économie montagnarde pyrénéenne

Autrefois la laine se vendait partout, puis devant l’arrivée de nouvelles matières ou de nouvelles techniques, les éleveurs ont bien souvent été obligés de la bruler ou de la vendre à bas prix à des importateurs asiatiques. Mais peu à peu, grâce à de nouveaux débouchés comme le marché de l’isolation thermique ou la recherche de laine de haute qualité pour la confection, le foyer économique lié à la laine est en train de se réactiver petit à petit.

Il y a tout juste quelques décennies et un peu moins dans quelques endroits isolés de la chaine des Pyrénées, la laine était source de bienfait et de rentabilité. Une partie était utilisée par chaque foyer : lavée à la rivière (la qualité et la minéralisation de l’eau avait son importance), séchée puis cardée elle était ensuite filée à la quenouille et au fuseau. Une autre partie de la laine récoltée servait à la confection de matelas. On essayait de vendre les plus belles pelotes au marché ou chez le tisserand tandis que les femmes tricotaient inlassablement des sous-vêtements ou des chaussettes. Les hommes participaient à la tâche en fonction de leur âge : les vieux cardaient au coin du feu tandis que les plus robustes actionnaient des métiers à tisser à bras pour fabriquer de la toile ou des sangles qui servaient au bâtage des mulets.

 

Lorsque les premiers centres industriels se sont créés, notamment à Mazamet à la fin du XIX°, le paysan pyrénéen a vite compris qu’il y avait là une source de revenus complémentaire pour la famille, activité qui convenait parfaitement aux filles de la maison que l’on mettait à partir de quinze ans au travail. Les hommes, eux, allaient chercher les balles de laine issues de la tonte et les portaient aux femmes qui s’occupaient du dégraissage et du lavage. Ces deux opérations effectuées il fallait ensuite faire sécher la laine puis l’écumer. Des grands sacs contenant 150 kg de laine propre au tissage étaient ensuite confectionnés et cousus à la main pour être ensuite acheminés dans des charrettes à bois jusqu'à la gare la plus proche. Des négociants, lucides mais le plus souvent incompétents, ont bien vite compris le développement de cette industrialisation naissante et ont réussi à créer de petites usines de lavage à l’entrée de chaque vallée de façon à regrouper les moyens épars de traitement de cette matière. Bien souvent il fallut faire appel à des techniciens expérimentés pour faire marcher les essoreuses mues par la force hydraulique et qui tombaient régulièrement en panne, ce qui obligeait les ouvrières à reprendre le travail à la main…ou au négociant amateur à fermer l’usine.

L’Industrialisation des Pyrénées

Implantée tout d’abord dans le Nord de la France, elle ne concernera les Pyrénées qu’au début du XIX° dans la région de Lavelanet et des Pays d’Olmes, pour s’étendre progressivement sur une bonne partie du Piémont sachant que certaines activités artisanales prospères étaient déjà développées dans le Comminges et les quatre vallées depuis le XVIII° siècle. Saint Gaudens et sa couronne deviendront un centre précurseur de l’industrie textile, suivis rapidement par Pau, Oloron, Bagnères, Bruges, Pontacq etc.

Les villes du Piémont pyrénéen sont particulièrement prisées pour leur situation au débouché des vallées, et ce, pour différentes raisons

1) La proximité de nombreux troupeaux de moutons en montagne produisant une matière première de qualité

2) La force hydro-motrice de l’eau qui permettait de faire fonctionner certaines machines avant la création des premières centrales électriques à partir des années 20

3) La proximité de réservoirs de main d’œuvre dans les vallées

4) Les propriétés de l’eau des rivières qui « fixait » les couleurs

5) La mise en œuvre des voies ferrées pour le transport des marchandises à partir de 1860

Mais la concurrence devient de plus en plus rude et beaucoup de centres lainiers ne résisteront pas face aux grosses productions industrielles du Nord et les nouveaux modes de consommation du XX° siècle. Le coup de grâce a été porté par l’apparition des fibres artificielles et l’invasion des productions asiatiques qui envoya des centaines, voire des milliers de métiers à tisser à la casse sans oublier leur cortège de répercussions sociales dans un monde rural déjà bien touché : deux emplois sur trois disparaitront. Le nombre de salariés de ce secteur passera de 20 000 à 6000 en l’espace de 30 ans en région Occitanie. Le monde florissant de la laine et du tissage s’effondrera en une ou deux décennies alors qu’il avait mis des millénaires à constituer un patrimoine humain, technique et financier. Mais paradoxalement, certains ateliers de confection réussirent à perpétuer un savoir-faire tout en maintenant une qualité de production de plus en plus attractive malgré des périodes de disette. La résistance s’organisera en Ariège, puis dans le Tarn et enfin dans les Hautes Pyrénées et dans les Pyrénées Atlantiques.

Le retour

Aujourd’hui ces ateliers relèvent la tête et n’hésitent pas à faire appel aux technologies des nouvelles communications pour faire connaitre et diffuser leurs articles aux quatre coins de France, voire même à l’étranger. Un autre atout est à prendre en considération : les valeurs humaines se rapprochent de plus en plus des « tendances durables »et des « produits du terroir » avec un rejet de plus en plus marqué des produits d’origine lointaine.

La laine des Pyrénées n’a peut-être pas fini de faire parler d’elle et à surement une « Carde » à jouer dans cette nouvelle donne….

Chronologie

-6000 : les premiers bergers colonisent les espaces montagnards

-3000 : Apparition des premiers habitats temporaires d’altitude – défrichement par le feu

-1500 : Développement important de la civilisation pastorale en montagne et érection de nombreux monuments mégalithique.

- 72 : Installation des romains et développement des centres urbains

0 à + 300 : Apogée de la civilisation romaine dans les Pyrénées, découverte et exploitation des sources thermales, développement des échanges commerciaux basés sur la laine et le beurre.

An mil : structuration des villages de montagne et expansion des activités pastorales

XIII° et XIV° siècle : On compte plus de 500 tisserands drapiers dans le Roussillon

XV° et XVI° Siècle : Phase de régression (épidémies + guerres)

1610 - Guillaume Mauran, premier historien connu des Hautes-Pyrénées, décrit le Haut-Adour comme un pays riche en laine et en beurre et souligne que les marchands de Cieutat en assurent la revente jusqu'à Toulouse. Il cite une montagne de "Pacon"ou "Falcon" où se trouve le tombeau du Viel Arizes, couvert d'une vielle pierre "à laquelle on ose toucher ni heurter de peur que, comme l'expérience fait voir journellement, il ne pleuve ou grêle" (croix de Béliou). Il signale également que "par les montagnes de Campan et le Tourmalet de Tarbes il y a un chemin pour aller à pied et à cheval vers la vallée de Barèges".

1625- Construction d'une halle en bois à Bagnères pour favoriser le commerce local : les draperies d'abord puis des extensions pour le Beurre et la Laine

En 1733, l’anglais John Kay invente un système de fouet chassant la navette par percussion ce qui accélère considérablement le travail : le tisserand n'est plus obligé de guider la navette à la main et double ainsi sa productivité

1752 – Invention des moulins à organiser la soie par un système de trames et de chaines par Jacques Vaucanson qui crée la Manufacture royale de soie d’Aubenas, première usine à mécanisation reconnue en France.

1801 -Invention du Métier à Tisser par Joseph Marie Jacquard. Ce métier qui, consistait en un perfectionnement de celui de Vaucanson, permettait de déterminer l'envergure de la chaîne et de sélectionner les fils grâce à des cartons perforés, ce qui rendait possible la réalisation de n'importe quel motif et améliorait considérablement le tissage d'étoffes de couleur

1825-D’après Georges Buisan le Haut Adour compte 27 courtaous pour une population de 140 vachers vivant l’été dans des cabanes de pierres – Pas d’indications précises sur le nombre de bergers.

Au XIXème et XXème siècle, la mécanisation s'accélère, les métiers se perfectionnent et augmentent leurs capacités de production grâce à l'utilisation d'énergies nouvelles : l’eau, la vapeur puis le gaz et enfin l'électricité

1840, la filature mécanique prend le dessus sur le filage au rouet, pratiqué à domicile dans les Hautes Pyrénées mais cette activité ne disparaitra totalement que dans les années 40.

 Pour se rendre bien compte de ce que représentaient le rôle des manufactures textiles dans les Pyrénées, prenons le cas de Bagnères-de-Bigorre, sous-préfecture de 8000 âmes qui, sur un document daté de 1929, dressait la liste des établissements concernés par les activités de la laine dans la commune.

• Fabrique de Bas : Pierre Duprat, 2 rue du Maréchal Pétain

• Manufacture de Bas : André Latécoère, rue de l’égalité

• Manufacture de Bas : Levastre, Lamotte et Cie, rue des Pyrénées

• Filature : Pierre Duprat, rue des Pyrénées

• Fabrique de lainage des Pyrénées : Diogène, Avenue de Campan

• Manufacture de lainage et tissus des Pyrénées : Ets P Comet-Lhez, Usine du Pont de Gerde

• Manufacture de draps et de tissus des Pyrénées : Ets A. Sabatier, av de la Fontaine Ferrugineuse ***

• Manufacture de lainage et tissus des Pyrénées : Ets Sansot, chemin de Monlôo

• Manufacture de lainage et tissus des Pyrénées : Bérot Frères, Boulevard Carnot

• Manufacture de lainage et tissus des Pyrénées : Ets Dussert-Bérot, avenue de Belgique

 

Jean-Jacques Sabatier

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Commentaires (1)

Marie Kzo

Article très intéressant. Née en 1957 à Bagneres de Brigitte, j ai vu ma grand mère filer la tête , j ai assisté à la tonte des moutons etc et connu l usine Comet . Merci ????

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